vendredi 5 avril 2013

Afrique, bouillon de vie, Europe, brouillon de vie

Voici un petit texte que j'ai écrit afin de relater mes impressions, par mail, à des amis. Finalement, je me suis un peu laissé emporter par le mot, encore secoué par le charme vibrant d'un continent enchanteur.

Lorsque mon ami poète Marien m'a informé qu'il partait au Togo afin d'accompagner une troupe de conteurs lors d'un festival de contes solidaires, j'ai tout de suite vu là une occasion unique de découvrir de multiples facettes de la culture africaine: les conteurs, et au travers eux, les contes; les contes, et à travers eux, un patrimoine immatériel nourri par l'histoire. 

Si l'Afrique ne peut se réduire à un pays, le directeur de l'association "La Cour des Contes" m'invita à embarquer dans sa caravane des contes afin de découvrir ce qu'il appelait l'Afrique en miniature. En effet, le Togo est une sorte de kaléidoscope étroit dans lequel se reflète en vis-à-vis une myriade de peuples, de traditions, d'histoires, de paysages aussi. 




Je voulais me détacher de la position contemplative habituelle du touriste et listais mes compétences au Directeur. La mission qu'il me confia fut de réaliser un carnet de voyages*.



Ce qui marque, lorsque l'on débarque de l'avion, c'est la chaleur. Et la sueur qui en découle, ce sont les larmes chaudes d'un corps ému de retrouver son berceau. Si la chaleur, là-bas, avait une origine, je dirais qu'elle ne vient pas du Soleil, mais plutôt du mouvement qui électrise les foules. Lors de mon séjour, je remarquerai que l'on se retrouve malgré soi mêlé à ce bouillon de vie et qu'il est vain de résister car la mollesse a peu d'excuses tandis que partout est une invitation à la rencontre. Tout est lié en Afrique, surtout les gens. 

Souvent, l'imprévu pointe sa nez. Tantôt il nous séduit, tantôt il nous agace par les situations qu'il occasionne. Cela dit, l'humain se situe sans nul doute dans cette marge d'erreur si particulière qui fonde la vie, et que réduit en grande partie la modernité. 

Il y a autre chose que j'ai pu (re)découvrir par le prisme du conte, c'est l'importance de l'oralité, oralité qui semble inscrite dans l'ADN de la population. Lors des discours, les nez les moins conditionnés hument les flagrances essentielles de l'oralité et de l'éloquence que sont la manifestation de l'attention envers autrui, la puissance de la voix, le charisme affirmé, le rythme teinté de silences délicatement pesés. 

Tant de charmes au millimètre carré, comme vous le voyez, maintiennent dans une sorte d'extase qui donne aux yeux des autres un air benêt.

Lorsque je revins, les courbes dessinées par l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle dissimulaient tant bien que mal des poutres rectilignes. Alors que je m'engageais dans le couloir, le courant alternatif qui unissait les gens était devenu continu. Tous semblaient avoir hâte de s'engager dans le premier RER ou le premier taxi venu. Lorsque j'essayais d'enclencher une conversation avec mon voisin - quand au moins j'y arrivais - cela tombait finalement à plat, comme un pneu de vélo se dégonfle progressivement dans une montée. 

Mais le pire, ce fut la PAF (Police Aux Frontières) qui formait une barrière peu accueillante en filtrant les passagers pour en interroger quelques-uns. C'est donc comme cela que l'on accueille l'Etranger en France? Quelle impudeur, quel affront à l'esprit d'hospitalité, quelle honte pour moi qui, partout, étais accueilli avec le sourire. J'ai à peine franchi quelques dizaines de mètres que je retrouve là les principaux attributs de ce que l'on appelle la "Civilisation". 

La question suivante ne mérite-t-elle donc pas d'être posée: Afrique, bouillon de vie, Europe, brouillon de vie?


*ce carnet de voyages devrait être tiré à plusieurs exemplaires et vendu au profit intégral de l'association la Cour des Contes

vendredi 6 juillet 2012

,99

19.99, 29.99, 69.99. Pourquoi afficher de tels prix alors que les conventions voudraient que l'on choisisse plutôt des chiffres ronds tels que 20, 30, 70? Si les publicitaires ou marketeurs gaspillent de l'encre supplémentaire pour imprimer les trois caractères additionnels ",99", c'est qu'ils doivent quelque part en tirer un bénéfice. Quelle sensibilité peut donc avoir un consommateur potentiel face à ces chiffres qui ne tournent pas rond? Un reportage signé Mathieu Rajerison



L'obsession des chiffres ronds

Tout d'abord, je vois dans l'affichage de ces prix une atteinte, une provocation à notre obsession des chiffres ronds. Les chiffres ronds sont en effet ancrés dans nos systèmes de référence. De mesures du temps avec les décennies, centenaires, millénaires, du poids avec les seuils de 50 kilos, 80 kilos, 100 (ou les paquets de biscuits de 100 g), de la qualité avec l'évaluation des élèves ou de la satisfaction du client sur 10 ou 20 points. Afficher des prix tels que 79.99 euros, 199.99 euros contre-carre cette régle, nous surprend et nous amène à un certain nombre de questionnements.

L'esprit humain aura aussi tendance à arrondir ce prix afin de le rendre intelligible. Une mécanique intellectuelle se met en route. Les processus cognitifs qui accompagnent la vision de prix en 9 prix créent les conditions favorables à une mémorisation du message publicitaire et donc du produit.



Faire cadeau de

Le consommateur peut se poser un certain nombre de questions quant à l'affichage du prix érodé, altéré qui est le prix en 9. La première réponse venant à l'esprit est que le vendeur (qui est invisible) a consenti à abaisser le prix. Le vendeur manifeste de cette façon sa présence de même qu'une certaine générosité: "il fait cadeau de". Par conséquent, la pancarte et le prix qui y est affiché deviennent un intermédiaire, un vecteur par lequel une relation affective peut transiter entre un vendeur absent mais imaginé et un consommateur furtif mais sensible.

On pense aussi que cette expérience d'achat nous procurera la sensation d'une dépense partielle, qui sera de ce fait moins culpabilisante.



Le graphisme du 9

La présence des décimales tend à étirer le prix. Ce dernier occupe ainsi plus d'espace sur le support publicitaire et améliore sa visibilité.

Le chiffre 9 a pour moi un graphisme assez étonnant. Il a le dynamisme d'une virgule, et celui d'une spirale qui, par sa figure hypnotique, parvient plus efficacement à capter l'attention d'un piéton ou d'un automobiliste initialement plus occupé à regarder la route que les réclames qui la parsèment.

Le 9 rappelle aussi un escargot replié dans sa coquille. Il pourrait s'agir d'une version introvertie, discrète, pudique, du 0 qui n'ose s'offrir au regard du consommant - ou d'un 0 apeuré qui s'isole du monde consumériste. En somme, le 9 caractérise un prix fragilisé plus vulnérable à l'acte d'achat.

Une suite de 9 peut aussi rappeler un 666 que l'on aurait, par malice, inversé. Cela bouscule un peu notre subconscient: image subliminale destinée à faciliter l'ancrage de la pub?



La résolution

En musique, des accords comportant des altérations sont dysharmonieux. Ils tendent à résoudre, par un certain magnétisme, sur des accords, des notes, plus en cadre avec l'hamonie générale d'un morceau. On qualifie ces accords de tendus. On peut trouver une analogie avec les élastiques qui ont cette faculté à retrouver leur forme initiale malgré l'étirement, la torsion qui leur sont appliqués. La présence de notes altérées dans une mélodie fera implicitement apparaître sur la partition, ou dans l'esprit de l'auditeur la note mélodieuse la plus proche.

Un chiffre est rond hamonieux, un prix en ,99 plutôt altéré, érodé, dysharmonieux, tendu. Il tendra à résoudre sur un chiffre rond. On aura tendance à arrondir des chiffres décimaux aux entiers les plus proches: en voyant 29.99, notre esprit voit 30. Cela procède du même phénomène qu'en musique: une sensibilité à l'harmonie, à l'esthétique qui tend à corriger toute imperfection.

Pourtant, dans le cas des prix en 9, la résolution aboutit à atteindre la borne haute et non la borne basse du prix: 30 euros pour 29.99 et non 29. On se retrouve perdants et non gagnants. La seule façon possible de soulager cette tension se fait dans l'acte d'achat, ce qui est bien pernicieux. Seule la dépense efface le prix et on en tire, du reste, une certaine satisfaction.



Fétichisme des pièces

Imaginons que vous ayez succombé à la tentation d'achat, que le produit convoité coûte 39.99 euros et que votre porte-feuille compte deux billets de 20 euros. Le vendeur, en retour de la somme versée, aura eu la politesse de vous rendre (en plus de l'objet acquis) une petite pièce de 1 centime d'euro, somme très symbolique. Quelque part, on est gagnant.

Ces pièces de 1 centime d'euro sont les victimes de cette politique des prix en 9. Elles garnissent joyeusement notre porte-monnaie jusqu'à y stagner, voire rouiller: Par flegme, on ne les sort quasiment jamais comme on laisse le soin de faire l'appoint à la caisse.

La somme de ces pièces est si infime que c'est moins leur valeur marchande que celle, affective, qui les caractérise. Un attachement particulier peut se constituer, contrairement à ces pièces de 10, 20 centimes d'euros qu'on dégaine à tire-larigot.

Indirectement, de telles dépenses parviennent à développer chez nous un fétichisme pour la petite monnaie, voire un penchant pour la numémastique.

dimanche 1 novembre 2009

le ruban blanc de Michael Haneke




Ici, je vous propose ma petite analyse du film "le ruban blanc" de Michael Haneke, primé à la Palme d'Or au festival de Cannes 2009.



Le noir et blanc
Le choix du noir et blanc peut avoir plusieurs significations:
-Tout d'abord, ce choix s'inscrit dans la représentation de cette époque d'avant-guerre. Elle confère au film un aspect quasi-documentaire proche du film d'archive, en plus d'un aspect photographique.

-L'expressivité picturale du noir et blanc ne fait que renforcer la rudesse des dialogues et des scènes.

-Sur le plan esthétique, le noir et blanc est idéal afin de jouer avec les zones d'ombre, mais également pour rendre l'image agressive, via les contrastes prononcés. Le réalisateur jouera d'ailleurs avec les niveaux de sous et de sur-exposition afin d'accentuer certains sentiments chez le spectateur. Le blanc est parfois rendu agressif tandis que l'obscur renforce la noirceur de certaines scènes.

-Le noir et le blanc sont les symboles, pour l'un, du bien, pour l'autre, du mal. Le noir est également la couleur du deuil, de la mort. L'auteur du saccage de la plantation de choux, vêtu de noir, avançant d'un pas déterminé, faux sur l'épaule, rappelle une certaine personnification de la Mort. Le saccage entraînera de manière indirecte la mort de Mr Felder.


La chute du cheval
Le film débute par la chute du mèdecin. A sa manière, cette chute annonce l'effondrement de la vie paisible de ce village.

L'invisibilité du fil responsable de la chute et la façon dont il disparaît est à l'image du mystère qui entoure l'identité du ou des responsables des crimes prochains. Le fil est comparable à un fil d'Ariane, insoupçonné, qui liera les différents évènements.


Le hors-champ
Tout au long du film, on assiste à un ballet de portes. Pourquoi tant d'importance est donnée à cet élément?

La porte est le symbole de l'intime mais spécifiquement ici, il constitue un outil de dissimulation.
Etant donné que beaucoup de scènes se déroulent à l'abri des regards, dans des pièces, la porte devient aussi un outil de narration qui fragmente le récit.

Voici des scènes où cet élément introduit des scènes majeures:
-la scène de la punition dont nous ne verrons qu'une partie au début, la porte étant entrouverte. Nous ne verrons ensuite plus rien de cette scène lorsque la porte est fermée complètement.
-la scène de l'acte incestueux entre le médecin et sa fille.
-l'ouverture de la porte de la grange donne à voir la mort de Mr Felder.
-la scène où le médecin s'adresse à son fils à travers la porte des toilettes dans lesquelles ce dernier s'est enfermé.
-l'entrée à deux reprises dans le film de l'enfant à l'oiseau dans le bureau du pasteur.


La scène de la punition
Une scène centrale et majeure du film est sûrement celle de la pose du ruban blanc et de la punition.

Le rituel est long et codé. Le réalisateur choisit de poser la caméra à un endroit central de la maison, l'intersection entre l'escalier qui monte vers les chambres des enfants et l'étage comportant les pièces courantes. En quelque sorte, il s'agit du croisement entre le monde de l'enfance et le monde de l'adulte. La caméra ne quitte pas cet emplacement "stratégique" idéal pour assister au ballet étrange qui entoure ce rituel. La caméra est immobile. Elle suit le trajet de Martin, ses va-et-vient, sans le quitter des "yeux". Elle offre une vue subjective au spectateur,ce qui renforce son sentiment d'appartenir à la scène. Le malaise est très grand lors de cette scène, la charge émotionnelle, très forte. Pourquoi?

Le premier élément de malaise provient du fait que le spectateur est placé à son insu dans ce couloir exigu. Il pense pouvoir agir et sauver l'enfant. Malheureusement, la position fixe de la caméra nous rappelle que nous ne sommes que spectateurs et non acteurs. Nous nous retrouvons contraints d'observer de loin le condamné sans aucune latitude d'action. Cette liberté de mouvement nous fait cruellement défaut, ce qui fait naître un important sentiment d'impuissance.

Une autre source du malaise vient du fait que la scène nous est cachée, dissimulée, et présentée de loin. La porte se ferme. Règne alors un silence pesant, que perceront ensuite les cris de l'enfant. La caméra reste fixée sur la porte, nous mettant en position de voyeur.

Bizarrement, il nous semble que la scène eût été plus supportable si elle n'avait été dissimulée. La distance que le réalisateur introduit entre la scène et les spectateurs est-elle un moyen de nous préserver de l'horreur ou bien constitue-t-elle, en quelque sorte, une punition? Le fait que le réalisateur ne donne pas à voir mais par contre donne à entendre donne peu de crédit à la thèse des bonnes intentions, celle de la pudeur, mais plutôt traduit une façon assez perverse de jouer avec nos émotions.


L'enfant
On peut dire que l'enfant occupe une place prépondérante dans le film. Ce dernier est sujet au même traitement, aussi bien de la part du réalisateur que de la part des adultes.
Les enfants sont filmés à hauteur d'épaule, sans effet de plongée. Dans la scène du début, on assiste au va-et-vient du groupe que forment les enfants. Comme la caméra les filme à leur hauteur, les adultes sont coupés au niveau des jambes, ce qui rend ces derniers insignifiants aux yeux des enfants.
Les enfants sont souvent mis en scène, représentés tels des adultes, comme dans cette scène du début où ils marchent ensemble, telle une petite armée. Il y a également cette scène qui succède à l'intervention du médecin auprès du nouveau né pris de froid. Dans cette scène, lorsque le médecin entre dans le salon, les enfants montrent le visage de l'innocence. C'est lors du départ du docteur qu'un autre ordre semble s'installer. Un des garçons, avachi dans son fauteuil, dans une position virile, presque dominatrice, affiche une indifférence coupable. L'autre regarde, ou plutôt, surveille par la fenêtre dans une posture tout à fait adulte. La jeune fille, elle, est concentrée sur son tricot, en retrait, dans un silence complice. Tous trois forment un triangle machiavélique, symbole d'un ordre bien établi, évoquant davantage le complot que l'innocence.
Voici l'image que le réalisateur semble vouloir donner des enfants. Les enfants semblent dominer les adultes. Leur position dominante est parfois évoquée lorsque ces derniers surveillent les évènements par la fenêtre: scène du feu dans la grange, scène de l'enfant au sifflet. De cette façon, ils donnent l'impression de dominer la vie du village, et surtout d'être mieux informés que les adultes sur ce qui se déroule.

Dans le film, les enfants sont aussi traités par les adultes d'égal à égal, comme si toutes les douceurs de l'enfance étaient balayées par le poids des responsabilités. Plusieurs scènes montrent cela:
-le dialogue sur la mort d'une très grande consistance entre l'enfant et sa grande soeur où rien n'est caché quant à sa signification. L'enfant semble d'ailleurs très bien comprendre, comme le montre la déduction qu'il fera de l'absence de sa mère. Cela dénote une certaine mâturité par rapport à son jeune âge.
-l'interrogatoire musclé entre la police et la jeune fille qui se dit victime d'hallucinations.
-le dialogue entre l'enfant à l'oiseau et le pasteur. Le pasteur fait prendre conscience au jeune enfant des responsabilités que ce dernier aura face à l'oiseau qu'il souhaite garder. Plus tard, le don que le chérubin fera de cet oiseau au pasteur constituera une sorte de revanche de l'enfant sur l'adulte. Ce dernier s'effondrera après, en signe de défaite.


Le ruban blanc
Le ruban blanc est empreint d'une symbolique très forte qui est renforcée par le rituel qui précède sa pose. C'est l'emblème de la pureté, de l'innocence.
Cependant, pour l'enfant, ce ruban représente davantage un poids lui rappelant sa culpabilité. Il devient source de souffrance. Malheureusement, les enfants, sous l'autorité du pasteur, ne peuvent l'enlever. Leur libération face à cette pureté qui leur est imposée se fait alors par la violence. Ils s'en prennent à Karli, qui incarne l'innocence: comme le souligne la jeune fille, Karli ne ferait jamais de mal à personne.
Ce bout de tissu se transforme en ruban de la barbarie. Il fait écho au brassard des nazis.


L'avant-dernière scène finale
L'avant-dernière scène procède d'un effet d'épilogue très courant au cinéma. La caméra s'éloigne au fur et à mesure du lieu principal, permettant au spectateur d'extrapoler ce qu'il vient de voir tant géographiquement que temporellement. La différence est qu'ici, la caméra s'éloigne de manière saccadée. Le réalisateur reste ainsi en phase avec l'aspect photographique de son film. Il nous rappelle que l'on reste dans un cadre, ce qui accentue le sentiment d'isolement, d'enfermement même. Le caractère saccadé de cet éloignement donne un sentiment de brutalité. Peut-être une façon de nous dire que la violence restera pérenne au sein de ce village.


La scène finale
La scène de la fin est celle de villageois assis dans l'église. Le prêtre arrive, menton haut et autoritaire, et prend place, étrangement, parmi les villageois qui ne semblent pas surpris pour autant.
Notons que l'arrivée du pasteur est accompagnée d'une sur-exposition volontaire qui accentue la blancheur du ruban qu'il porte autour du cou et heurte l'oeil du spectateur.
Les différents protagnistes sont en place et nous fixent comme sur une photo de famille.

Pour moi, deux réflexions peuvent découler de cette scène:
-La disposition des villageois dans cette église n'est pas sans rappeler la nôtre, celle de spectateurs assis au sein d'une salle de cinéma.
L'écran agit par conséquent comme un miroir. Le réalisateur souhaiterait donc nous dire que les phénomènes passés au sein de ce village reflètent la société dans laquelle nous vivons?

-Le pasteur prend place parmi les autres villageois. Il cède sa place, ce qui symbolise un double échec. Le premier échec est celui de l'identification des coupables. Rappelons-nous que c'est dans cette même église que le chef du village exhortait les gens à faire part de comportements suspects, afin de déterminer le coupable.
Le deuxième échec pourrait être celui de la discrimination entre le bien et le mal.
Le prêtre cède sa place, mais à qui? A nous, spectateurs. Autrement dit, le prêtre nous confie le soin de résoudre l'énigme entourant ces atrocités et de juger de ce qui est bon, ou mauvais. Le message donné par le réalisateur serait donc une remise en cause très forte de la pensée unique, voire des formes politique, religieuse et parentale de l'autorité.

Du fait de l'effet miroir et de l'attitude inquisitrice des villageois, un transfert émotionnel et intellectuel intense s'opère entre le film et nous, spectateurs. Lorsque les lumières de sa salle se rallument et que le générique s'exécute sans musique, dans une atmosphère quasi religieuse, la "photo" de la scène finale, avec son effet miroir, agit sur nous comme une image subliminale. La quasi-absence de générique permet à l'image de résonner en nous. Alors que généralement, la photo est le résultat d'une impression, ici, on ressent l'effet inverse car celle-ci rétroagit en faisant impression sur nous.

Le film "le ruban blanc" est une expérience cinématographique dont nul ne ressort indemne. Chacun sort un peu confus, ne sachant plus vraiment qui est coupable de quoi. Comme le dialogue entre Mr Felder et son fils l'indiquait en ce qui concerne la présupposée responsabilité du chef du village dans la mort de la femme du fermier, discriminer la cupabilité de l'innocence est une entreprise vaine. "Mr Felder: "rien ne prouve qu'il est innocent""

jeudi 27 août 2009

réaction à l'article "How Facebook ruins Friendship"

Sous la pression que les nouvelles technologies exercent sur notre quotidien, nous devenons en quelque sorte contraints de faire face à de nouveaux modes de communication, à nous y adapter..
Voici une réaction à l'article "How Facebook ruins Friendship" que je vous fais partager..

La raison pour laquelle les SMS, le mode texte, ont tant de succès vient du fait qu'ils sont moins intrusifs. Le correspondant a le choix de répondre ou pas, voire du moment où répondre. Certes, c'est assez individualiste comme vision et laisse penser que la personne ne prend pas le temps d'interrompre son cycle de vie habituel pour consacrer quelques minutes à un ami suite à un appel inopiné.
Une autre raison, outre le caractère moins intruisif, est le coût. Les e-mails sont gratuits et dans la continuité de l'outil de travail qu'est l'ordinateur. Les SMS sont généralement gratuits au sein des forfaits actuels.

Je suis assez étonné de voir que des personnes fassent preuve d'autant de neuroticisme en ne retenant que les éléments négatifs de leur mur facebook.
Ce qu'il y a, c'est que l'on a toujours le choix:
-en premier lieu, on est libres ou pas d'alimenter ses actualités. Nombre de mes amis possèdent des profils dormants et ne fréquentent apparemment le site moins d'une fois par semaine, par mois...
-on peut sélectionner les amis dont on souhaite avoir les actus, ce qui a l'insidieux aspect de réduire un ami en produit d'actualités dont l'intérêt à la fréquentation deviendrait celui à le lire.
-On peut aussi ne plus lire les actus facebook.
-Enfin, il est tout à fait possible de se désinscrire, en ayant, pourquoi pas, préalablement demandé à facebook de vous fournir les multiples méga-octets de votre vie amassés depuis votre inscription.

Le vrai danger est que l'on soit sous l'emprise totale de son mode de communication si bien que l'on ne puisse envisager d'autres façons d'interagir. Cela aurait pour effet de mettre de côté les amis utilisant peu facebook. Perdant ses amis non facebookiens, on ne garde que des amis facebook avec qui on entretient des modes de communication virtuels. Ainsi, aujh, on peut facilement imaginer que le fait de ne pas posséder de téléphone mobile peut aboutir à l'isolement social.

L'autre danger est de voir dans la façon dont d'effectuent les échanges le reflet de sentiments véritables. Ainsi, la conception des relations humaines pour l'utilisateur devient intrinséquement liée à l'architecture informatique, aux flux de données et ceci, sans qu'il ne le perçoive. Par exemple, facebook formalise, propose des modes d'échange: le poke, etc...qui sont très abstraits. Le fait que quelqu'un ne réponde pas aux messages alors que ses actualités indiquent de multiples connexions, le fait de ne pas participer aux wall-to-wall deviennent des indicateurs assez peu fiables que l'utilisateur de facebook intégrera pourtant inconsciemment afin d'évaluer la qualité de ses relations amicales.

Enfin, aucun outil virtuel ne parviendra à traduire la complexité des interactions humaines. Devenir Facebook addict, c'est le risque d'entrer dans un monde abstrait, un monde où l'on se construit parfois une autre identité, mais virtuelle, elle. Une identité dans laquelle on s'emmitoufle au risque de s'y emprisonner, pour participer à des relations virtuelles, bien loin de celles de la vraie vie, jusqu'à délaisser sa véritable identité...et de véritables amis.